La thérapie familiale stratégique se concentre sur l'interaction comportementale actuelle, observable et utilise l'intervention délibérée pour modifier le système en cours. La thérapie familiale ne consiste pas forcément à avoir toutes les personnes présentes dans le bureau du thérapeute, mais à aborder le problème d'un point de vue interactionnel. Pour être efficace, une telle intervention intègre généralement un recadrage de manière à changer le sens de la situation pour les personnes concernées.

La thérapie familiale stratégique est brève, sa durée est d'environ dix séances sur une durée de trois mois.

1. Principes de base :

1. La réalité est construite: il n'y a pas de vérité

La réalité est un concept social, évolutif. Nous sommes tous dans une position différente, donc, nous avons notre propre perception de la réalité. Nous regardons les choses à notre manière. Notre cadre de référence nous sert de filtre.

Nous avons la conviction intérieure que nous pensons la même chose, mais il n'y a rien de tel que la réalité.

Le thérapeute a sa compréhension de la nature du problème et son point de vue détermine la manière dont il organise la thérapie, les personnes qu’il implique et la nature de son intervention.

2. Le problème n'est pas individuel: il est interactionnel, inscrit dans le système.

Le client est l'ensemble des personnes impliquées dans le problème. Tout comportement est considéré comme structuré et maintenu par les interactions entre les personnes, en particulier, dans le système familial, mais aussi dans d'autres systèmes tels que l'école ou les organisations. Les problèmes sont le résultat de difficultés quotidiennes dans l'adaptation à un changement de vie ou à une transition, mal géré par les parties concernées.

La question est: quel comportement, dans le système, contribue au maintien du problème?

3. La tentative de solution est le problème

La tentative de solution maintient le problème et ne fait que l'aggraver. C'est un cercle vicieux. Le changement doit être de second ordre pour briser le pattern (modèle ou séquence).

Nous allons extraire de notre passé quelque chose qui a fonctionné auparavant. L’essentiel est d'abandonner le fonctionnement ancien. Le virage à 180° ne consiste pas à faire le contraire, mais à effectuer un changement significatif dans une autre direction.

Les personnes ayant de sérieux problèmes ont du mal à générer un nouveau mode d’adaptation.

4. Le thérapeute entre dans l’univers du client :

Grâce à une observation attentive du comportement verbal et non verbal, le thérapeute essaie de comprendre le langage du client, son mode de perception, ses croyances, ses valeurs, afin d’y trouver une source de motivation au changement acceptable par lui.

Pour cela, il utilise le système de croyance et le contexte social du client pour invalider le mode de fonctionnement perturbant

5. Le thérapeute donne un nouvel éclairage de la situation en recadrant:

Il donne au problème un sens qui permettra au client d'accepter le changement. Pour cela, il utilise le système de croyance et le contexte social du client pour invalider le mode de fonctionnement perturbant.

Par exemple, il dit au client que son anxiété a une fonction importante. C'est le signal que quelque chose va mal. C'est un signal de protection. Que faire pour répondre au signal? Au lieu de vouloir le supprimer, comment l'utiliser et le réduire pour qu’il devienne supportable ?

6. Le thérapeute établit un contrat avec le client

Le thérapeute aide le client à définir clairement un objectif minimal à la thérapie, en termes de comportement observable. Quel nouveau comportement serait satisfaisant pour lui? Qu’est-ce qui lui permettrait de dire que l’objectif est atteint ?

7. Le thérapeute élabore une stratégie:

Qu’est-ce que le client a déjà essayé? Qu’est-ce qui a marché ? Qu’est qui a échoué ? Il offre des alternatives. Il propose une solution qui est un virage à 180 °.

Le thérapeute utilise les outils de l'hypnose:

- La dissociation qui permet d’interrompre le processus en s’en éloignant. - La confusion qui aide le client à percevoir autre chose de plus évident. - Les suggestions indirectes qui facilitent l’installation de nouveaux comportements. - Les métaphores et les anecdotes qui permettent de percevoir le sens de la situation.

8. Le thérapeute utilise le paradoxe

Le thérapeute prescrit le symptôme.

Faire plus de la même chose: c’est le niveau basique du paradoxe. Lorsque vous dites aux gens de faire ce qu'ils font, en général, ils ne peuvent plus le faire. Toutefois, le paradoxe n'est utilisé qu’avec des clients qui résistent, quand le reste n'a pas fonctionné.

Exemple: Demander au client de programmer son anxiété. Quand pouvez-vous être anxieux, tout en étant en sécurité? Si vous pouvez provoquer l’anxiété, vous pouvez aussi vous en débarrasser. Pour limiter le risque, se donner des garde-fous: comment sentez-vous que l'anxiété est trop forte? Comment pouvez-vous l’arrêter quand elle est trop intense? De cette manière, le thérapeute permet à son client d’activer un sentiment de contrôle.

9. Le thérapeute prescrit un travail à faire pendant les séances

Faire un travail pendant les séances étend la thérapie à la semaine. Le travail prescrit permet au client de vivre un petit changement. Ce changement perturbe l'homéostasie du système et permet d'expérimenter de nouveaux comportements. De plus, de cette façon, le client collabore avec le thérapeute à la réussite de la thérapie.

10. Le thérapeute semble inquiet des progrès rapides

Devant des progrès rapides dès les premières séances, le thérapeute dit: c’est trop. Aucune pression n’est exercée pour poursuivre dans cette direction, bien au contraire. Le thérapeute dit : vous avez besoin de ralentir et de faire de petits changements.

Le fait de le retenir au lieu de l’encourager aide le client à s’approprier la démarche et à se sentir maître de ses décisions.

10. Le client décide de la fin de la thérapie

Le client reste maître de la durée de la thérapie.

La thérapie familiale stratégique diffère par son esprit et son mode opératoire de thérapies plus classiques qui sont individuelles, s’attachent à chercher l’origine des troubles dans le passé et attendent le changement de la prise de conscience des causes du comportement. Le thérapeute sort de son rôle passif et neutre qui se limite à interpréter le discours du client pour être un acteur partenaire et responsable du changement. Ce en quoi elle se rapproche de l’approche gestaltiste et de l’hypnose et s’éloigne de la psychanalyse.

L'approche stratégique de la thérapie familiale repose sur deux notions clé: il n'y a pas de pathologie, il y a des problèmes. Ces problèmes sont générés par le fonctionnement d'un système et entretenu par les acteurs. Il n'y a donc pas de patient individuel à traiter. Cette approche a l'intérêt d'impacter l'ensemble des acteurs et de produire un nouvel équilibre à long terme.

Par ailleurs, comme elle s’inscrit dans le cadre des thérapies brèves, un certain nombre de séances et une échéance étant définie d’un commun accord avec le client, cela évite la dérive d’une thérapie interminable et le développement d’une dépendance famille /thérapeute. Ce qui lui permet de s’intégrer adéquatement dans le cadre du paiement par une tierce partie.